La culture du lin, culture de terroir, s’est enrichie de savoir-faire historiques ancrés en Europe de l’Ouest. Elle est affaire d’agriculteurs, d’entrepreneurs et de créateurs, qui, à travers les âges ont su se renouveler et innover. A chaque époque, le lin se réinvente et perdure.
La culture du lin repose sur deux grands facteurs : des atouts géo-climatiques et des savoir-faire d’exception. Au niveau agricole, l’expertise transmise de génération en génération est incarnée par le duo agriculteur-teilleur, et fonde l’ancrage territorial de cette culture vertueuse et non délocalisable à la renommée internationale.
L’Europe de l’ouest (la France, la Belgique et les Pays-bas) est leader dans la production de fibre de lin avec ¾ de la production mondiale de lin. La main de l’homme est au cœur du processus.
L’agriculteur et le teilleur - les hommes de la plaine - prennent toutes les décisions de concert, une synergie déterminante pour la qualité finale de la récolte. Une synergie qui s’opère également entre le duo teilleur et filateur.
Le maillon teillage (production de fibres) et le maillon filature (production de fils) représentent un duo particulier dans la chaîne de valeur du lin. Très interdépendants l’un de l’autre, ils sont également les deux parties de la chaîne entièrement dédiée au lin.
La chaîne de valeur du lin - fibre agro-créative - née d’un terroir, fait travailler de concert la main de l’homme, savoir-faire ancestraux et force mécanique. Les jolies fleurs bleues qui parsèment les champs de lin convoquent la vue pour notre émerveillement jusqu’au toucher de la matière. Le lin, un voyage à la fois technique, symbolique et artisanal.
La filière du lin fédère tous les acteurs d’une chaîne de valeurs d’excellence, à l’origine d’une alchimie qui n’existe nulle part ailleurs dans le monde. De la production de fibres jusqu’à la fabrication de fils et tissus à forte valeur ajoutée, la chaîne européenne du lin se nourrit et s’enrichit d’un foisonnement continu d’innovations, notamment le développement de nouveaux procédés textiles dans la maille et d’applications techniques innovantes :
Le lin offre également la possibilité d’aller chercher de la valeur ajoutée, en termes de savoir-faire, de créativité et d’innovation.
Cultivé en rotation, tous les 7 ans en moyenne sur la même parcelle et peu gourmand en azote, le lin permet d’obtenir une qualité de sol optimale et est une excellente tête de rotation.
semis
Les semis ont lieu en mars ou avril, selon la région. Les graines sont plantées à une profondeur de 1 à 2 cm et le lin atteint sa maturité au bout de 100 jours. Sur chaque pied se répartissent 80 à 100 feuilles. La floraison a lieu en juin. La plante atteint une hauteur d’environ 100 cm.”C’est juin qui fait le lin”et il faut savoir en profiter ! Car la durée de vie d’une fleur n’est que de quelques heures : elle s’épanouit le matin et se fane à la mi-journée.
floraison
La floraison a lieu au mois de juin. La plante atteint une hauteur d’environ 100 cm. La durée de vie d’une fleur n’est que de quelques heures : elle s’épanouit le matin et ses pétales tombent à la mi-journée.
arrachage
L’arrachage débute en juillet, lorsque les tiges ont perdu leurs feuilles sur le tiers de leur longueur depuis le sol. Le Lin n’est pas fauché, mais arraché avec un matériel de récolte spécifique entièrement dédié à sa culture, pour préserver les tiges dans toute leur longueur. Celles-ci sont ensuite déposées au sol en andains (nappe de Lin d’une largeur d’un mètre). Après l’arrachage, les longues racines restées dans le sol le fertilisent ce qui confère au Lin le statut d’excellente tête d’assolement.
rouissage
Le rouissage est la première phase 100 % naturelle de transformation de la plante en fibre. Les précipitations, la rosée matinale et le soleil aident les micro organismes présents dans le sol à éliminer la pectose qui soude les fibres textiles à la partie ligneuse de la tige. La phase de rouissage s’étend de juillet à septembre. Pour favoriser un rouissage homogène, les Lins sont retournés à mi-parcours. Au terme de cette étape, le Lin est rassemblé sous forme de balles.
teillage
Les fibres du Lin sont contenues dans l’enveloppe externe de la tige. Pour pouvoir les exploiter, il est nécessaire de les extraire et de les débarrasser du bois présent dans la tige (l’anas). Le teillage est un processus mécanique qui peut être réalisé à n’importe quel moment de l’année. L’intégralité de la plante est valorisée, rien ne se perd : toutes les fibres, longues et courtes, et tous les dérivés (graines et anas) sont réutilisés, par exemple pour la litière animale.
peignage
Cette opération est de plus en plus réalisée par les teilleurs. La fibre est parallélisée, calibrée et étirée sous forme de rubans doux et lustrés.
préparation
Durant cette étape, les rubans de Lin peigné provenant de plusieurs lots de fibres, issus de différentes parcelles, de différentes régions et de différentes années, sont mélangés : cet assemblage comparable aux méthodes employées pour le champagne et le cognac, permet d’allier les qualités de chaque lot et de produire un fil homogène et constant dans la durée. Une exigence de qualité qui peut associer pour chaque mèche jusqu’à 32 lots différents !
filature
La filature transforme les mèches en fil en appliquant une torsion. Les techniques varient selon le type de fil à produire :
La variété des titres permet de produire un vaste éventail de fils, triés par numéro métrique (Nm). Le numéro de référence correspond au nombre de kilomètres de fil produits à partir d’un kilogramme. Plus le chiffre est élevé, plus le fil est fin, sur une échelle de Nm1 à Nm60, qui peut même atteindre Nm100.
tissage
Le tissage consiste à entrecroiser des fils de chaîne (qui s’étendent sur la longueur) avec des fils de trame (qui s’étendent sur la largeur) pour créer un tissu. Les divers modes de tissage permettent de produire des tissus différents tant par leur aspect que par leur texture. Les nombreux tissages, conjugués à une variété d’épaisseurs et d’effets, ont donné naissance à quantité de déclinaisons créatives de tissus utilisés tant dans l’habillement que dans le linge de maison ou l’ameublement.
tricotage
Le tricotage apporte au lin souplesse, élasticité et infroissabilité. Le tissu maille ou « jersey » est tricoté sur des machines circulaires, puis confectionné en coupé-cousu pour des collections de tee-shirts, tops, sweatshirts etc. Le « tricot » est réalisé sur des machines rectilignes créant des pièces en forme, prêtes à assembler ou en 3D sans couture.
La fibre agro-créative de lin se retrouve dans trois grands domaines de la création : la mode (60% des débouchés - tous segments en volume), l’art de vivre et la décoration intérieure (30% maison - ameublement, art de vivre, en volume) et enfin dans d’autres univers techniques (10%, applications et coproduits en volume).
Le lin dans la Mode
L’industrie textile est le plus gros débouché pour le lin. On le voit à travers plusieurs études commandées par l’Alliance à la société Tagwalk, tous les acteurs du secteur utilisent une quantité croissante de lin. Depuis plusieurs saisons, le luxe intègre systématiquement du lin dans ses collections féminines et masculines.
Certains créateurs comme Jacquemus ou la maison Dior ont ouvert la voie. D’autres grands noms de la mode utilisent la matière en hybridation, avec du cuir, de la dentelle comme Fendi. D’autres encore dans les accessoires à l’image de Chloé. L’ensemble des marques de prêt-à-porter met le lin à l’honneur été comme hiver.
En savoir plusLe lin dans la Déco
De même que le jersey de lin a ouvert de nouveaux débouchés en mode, en décoration, le lin lavé est de plus en plus utilisé dans la confection du linge de maison, parures de lit, nappes, torchons...
La bonne absorption de la fibre autorise une grande diversité de couleurs, du rose au gris en passant par le jaune safran.
En savoir plusLe lin Tex & Tech
Le saviez-vous ? Aujourd’hui, longboards, skis, casques de vélo, planches de surf, peuvent être réalisés en fibres de lin.
Du fait de sa résistance et sa légèreté, le lin accompagne les designers qui répondent aux nouveaux besoins en mobilités douces et aux envies des fans de glisse.
En savoir plusLes enjeux à venir de la filière lin et chanvre européens ont été analysés à travers une étude menée en 2023*, dont les enseignements permettent d’accélérer la réflexion en intégrant tous les acteurs de l’écosystème, y compris les institutionnels et les marques. S’appuyant sur les résultats de cette étude, l’Alliance a défini cinq enjeux prioritaires dont deux enjeux au niveau Agricole et Fibres.
1. Produire mieux
Face aux enjeux climatiques, l’Alliance souhaite renforcer la R&D et l’innovation agronomique tout en maintenant une logique de baisse des intrants pour un itinéraire technique agricole performant, qui préserve la biodiversité.
2. Produire plus
Comment mieux anticiper la demande du marché de fibres ? Pour répondre à cet enjeu, deux leviers doivent être activés :
3. Définir et développer un référentiel commun de description des qualités des fibres, qui complète les référentiels organoleptiques existants grâce à de la R&D en imagerie optique.
Cette démarche est menée en co-construction entre les teilleurs et les filateurs Européens à travers un groupe de travail. Un enjeu au niveau de la Filature française et européenne.
4. Créer un avantage compétitif industriel local, grâce à des investissements R&D pour réduire les coûts de production et baisser le besoin de main d’œuvre, tant en filature au mouillé et au sec (mécanisation, automatisation…), qu'en travaillant avec des fabricants de machine locaux. Ces investissements permettraient de favoriser l’émergence d’entreprises de plus grande capacité de production et de rentrer dans les référentiels de sourcing des marques premium et de luxe.
5. Créer un cadre de travail dédié aux marques pour renforcer le dialogue avec les maillons de la chaîne de valeur du lin. Ce dialogue devra couvrir les enjeux de traçabilité de la fibre et d’anticipation des approvisionnements, et devra également mesurer l’évolution du lin dans les collections.
*Lin Fibre & Textile Lin, étude réalisée avec le cabinet Kéa Partners en collaboration avec l’Institut Français de la Mode (IFM).
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