09 juillet 2023
Matière luxueuse depuis l'Antiquité, le lin renoue avec l'univers du luxe depuis quelques saisons. Cette fibre végétale, non délocalisable, présente en effet toutes les vertus pour des créateurs plus soucieux d'impact sur la nature. Versatile, la fibre ouvre tous les possibles.
A l'été 2021, Alliance for European Flax-Linen & Hemp commandait sa seconde étude à la société Tagwalk, dont le moteur de recherche passe chaque saison au crible tous les défilés de Paris, Londres et Milan, dans la mode et les accessoires afin de dégager les principales grandes tendances chaque saison. L'idée : mesurer l'impact du lin dans le marché du luxe à partir de 200 millions de données déjà considéré comme tout à fait notable sur l'année 2020 où les recherches sur la matière lin avaient augmenté de 25% déjà par rapport à l'année 2019.
Le résultat fut plus que probant et mesuré en chiffres : en 2021, +102% de looks en lin étaient ainsi repérés sur les podiums, soit deux fois plus de silhouettes que les saisons précédentes, une tendance confirmée par une nouvelle étude l'année suivante.
Par ailleurs, 49% des designers de mode présents dans le calendrier des défilés avaient créé au moins un look en lin dans leur collection, et 64% d'entre eux le faisaient pour la première fois à l'image de Dior, Louis Vuitton, Chloé ou encore Fendi.
Depuis cette date, le lin reste le chouchou des créateurs qui défilent. A cela s’ajoute une explication synthétisée par Alexandre Capelli, Directeur des questions environnementales du groupe LVMH, invité lors du Linen Day en juin 2022 :
Le lin est la seule matière naturelle répondant aux 4 piliers fondamentaux de la stratégie durable Life 360 du groupe visant à concilier respect de la nature et créativité : circularité des créations, traçabilité, biodiversité et climat.
Alexandre Capelli, LVMH Group Environmental Director
Pour la fibre de lin européenne, plus qu'une réelle entrée, cette situation marque un retour dans la cour des grands. Premier textile développé par l'humanité vers 36000 ans avant JC, le lin s'inscrit dès l'Antiquité dans un environnement luxueux. En 2021, L'exposition "Luxes" du Musée des Arts décoratifs à Paris, rappelle en effet que si le lin n'est spontanément pas associé à cet univers de faste, il s'y rattache néanmoins depuis l'origine, incarnant une certaine élégance transparaissant dans les deux pièces exposées par le musée pour l'occasion : une dentelle de lin et une silhouette du créateur Simon Porte Jacquemus.
copyright MAD Paris L.Boegly
Dès cette saison, en défilant de façon magistrale dans le sud de la France, le créateur prend la tête d'un courant moderniste plaçant la nature, le territoire au cœur même de la démarche créative. Utilisé dans sa naturalité, la fibre de lin qui se prête facilement aux pièces de tayloring et à la coupe ample de certaines robes se retrouve sous forme de vestes de tailleur parfaitement coupées, de robes à fines bretelles au tombé impeccable, de pantalons souples dans une palette de couleurs naturelles proches de la nature, ses plantes et ses végétaux. Les directeurs artistiques apprécient l'ancrage européen de la culture du lin, son côté léger mais texturé à la fois, son tombé rond, son porté intemporel.
Le lin est la fibre idéale pour repenser ainsi une création plus juste, qui retrouve le rythme des saisons, renoue avec la terre, le territoire. Mais le lin est aussi une fibre agro-créative qui autorise toutes les hybridations. C'est notamment ce qui intéresse la maison italienne Fendi qui associe le lin à d'autres matériaux nobles dans sa recherche d'innovation et d'excellence. On le retrouve ainsi travaillé dans plusieurs silhouettes délicates et féminines avec de la dentelle sur des blouses ou des robes, mais également à travers certaines pièces de tayloring en association avec du cuir sur des combinaisons pantalons couleur crème. Si la palette de couleurs demeure assez neutre, les combinaisons, elles, jouent la carte de l'audace avec des variations de mailles.
Mais le lin séduit aussi les grandes maisons pour ses propriétés tinctoriales et sa large palette de propositions créatives. Chez Dior, la toile de lin est traitée telle une toile peinte, s'auréolant de motifs en mosaïques. La maison de l'avenue Montaigne intègre également des mélanges lin/coton dans ses pièces en denim à l’image de cette jupe mi-longue évasée à volants et sa blouse à motif ornemental assortie.
Versatile, le lin est également apprécié par les créateurs pour son côté “dégenré”. Chez Maison Margiela, il cotoie d'autres matières comme la laine ou le satin, se décline en smoking ou looks en noir et blanc lors de l'été 2021.
En outre, depuis plusieurs saisons, le lin s'invite dans les pièces sportswear des grands noms du secteur séduits par ses propriétés respirantes : le polo Lacoste se pense notamment en piqué de coton et lin, certaines doudounes d'hiver en intègrent dans leur composition. Le lin se porte été comme hiver et s'invite bien sûr chez l'homme où le créateur Jan-Jan Van Essche qui défilait au Pitti Uomo en janvier dernier présentant un mélange lin et mérinos d'Arles pour plus de souplesse.
Et comme les maisons qui défilent donnent le La de la création à l’ensemble du marché du prêt-à-porter, les marques créateurs calent leurs pas sur le lin aussi pour l’été 2023. On se remémore également la créatrice Isabel Marant, qui chaque année défile désormais dans le calendrier qui, la première, avait fait descendre le lin dans la rue il y a une quinzaine d'années en introduisant ses t-shirts en lin blancs et crème, ultra doux, qu'elle continue à décliner en basiques dans différents coloris.
copyright Officine Generale Tagwalk
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