Le pont en lin d'Almere, une véritable innovation

Un pont innovant dans le cadre du projet européen Smart Circular Bridge

Tout près de la ville d’Amsterdam, le pont en lin d’Almere mesure 15 mètres de long et peut être emprunté par des piétons comme des cyclistes. Une quinzaine d’opérateurs européens ont été impliqués dans la construction de ce pont hors du commun. Parmi eux, on retrouve le centre de recherche néerlandais, TNO, qui a participé au développement de la résine de lin renforcée, la société de construction hollandaise, FiberCore Europe, qui a produit la structure en lin, ou encore l’Université d’Eindhoven.
Ce pont hors du commun a été créé dans le cadre du projet européen Smart Circular Bridge, qui promeut les atouts des matériaux bio-composites dans le domaine de la construction.

Un pont en lin intelligent

Ce pont bien particulier est constitué d’un nouveau composite dans lequel on retrouve de la fibre de lin et de la bio-résine. Les fibres utilisées dans la construction de ce pont sont toutes d’origine naturelle, et l’enduit de résine utilisé provient de sources non fossiles. En résumé, ce pont est constitué de gros blocs de mousse végétale, autour desquels est enroulée de la fibre de lin. Ces grosses briques sont ensuite assemblées et recouvertes à nouveau de plusieurs couches de fibre de lin.

Pour finir, le résultat obtenu est trempé dans de la résine, pour produire un ensemble très solide. Ce pont est par ailleurs surveillé par des capteurs pour étudier l’évolution des composites à base de fibres naturelles. L’occasion de tester sur le terrain et en conditions réelles la résistance du lin composite à la traction et à la compression, alors qu’il est exposé aux éléments extérieurs comme l’humidité ou les rayons UV.

La fibre de lin dans le secteur du bâtiment et de la construction

Le lin est souvent connu pour son utilisation dans le domaine de la mode et de la décoration. Il est aussi de plus en plus privilégié dans le secteur de la construction. Le lin a en effet des propriétés techniques qui en font un matériau de choix dans la réalisation d’ouvrages tels qu’un pont. Il s’agit d’une fibre végétale qui permet de créer des matériaux légers, mais qui restent très résistants et qui durent longtemps.

Les éléments constituant l’ouvrage sont plus faciles à transporter et à installer, sans avoir besoin de faire des concessions sur d’autres critères essentiels, comme la pérennité de la construction. La fibre de lin reste performante, même dans des environnements humides, et résiste à la moisissure comme aux insectes. Elle est également reconnue comme étant un bon isolant thermique et phonique. Le lin a par ailleurs une durée de vie plus importante que certains matériaux synthétiques, comme le plastique. Enfin, l’esthétique du lin permet de donner aux constructions un aspect naturel et chaleureux, qui est souvent jugé agréable par les usagers.

Le lin et l’écoconstruction

Le lin, une fibre végétale en affinité avec les enjeux environnementaux

Tout comme le chanvre, le lin est devenu une alternative populaire dans l’écoconstruction. ¾ de la production de lin dans le monde est cultivé en Europe de l’Ouest et plus particulièrement en France, en Belgique et aux Pays-Bas. La filière du lin européen, promue par Alliance for European Flax-Linen & Hemp, permet d’avoir accès à des fibres végétales de qualité produites localement, en Europe de l’Ouest. Par ailleurs, la culture du lin européen est particulièrement en phase avec les enjeux environnementaux, sans OGM et sans irrigation*.
*garanti par l’Alliance à 99% aujourd’hui. Demain, à évaluer en fonction du changement climatique.

Bientôt d’autres ponts en lin en Europe et ailleurs

Le secteur de la construction représentant presque 20 % des émissions mondiales de CO₂, le lin a tous les atouts pour tirer son épingle du jeu. Le faible impact environnemental de la production des fibres de lin, associé à ses importantes propriétés techniques en font un matériau dont la popularité est grandissante, surtout, de plus en plus de villes et de constructeurs misent aujourd’hui sur une stratégie de développement durable.

Le pont d’Almere est donc destiné à être répliqué dans d’autres villes, d’abord en Europe puis dans le monde. Il est même envisagé de construire des ponts en lin de plus grande échelle, capables d’être empruntés par des voitures, voire des poids lourds. Avant cela, à la suite du succès de ce premier pont innovant en lin, d’autres constructions de ce type, similaires à celle d’Almere, devraient prochainement voir le jour à Ulm, en Allemagne, et à Bergen op Zoom, aux Pays-Bas.