Julie Bénédicte Lambert : la fibre de lin au centre d’une œuvre sculpturale internationale

04 novembre 2024

Julie Bénédicte Lambert, artiste textile spécialisée dans le lin, expose ses œuvres à l'international. Diplômée du Centre des textiles contemporains de Montréal et de l'Université Concordia, elle a reçu de nombreux prix. Elle enseigne et anime des ateliers, en partageant sa passion pour le textile.

La matière du lieu - Julie Bénédicte Lambert : Technique tissage matériaux : papier kraft et acier, tiges de lin, filasse de lin
Bernard Dubois

Julie Bénédicte Lambert est une artiste textile de renom, spécialisée dans le travail du lin.
Basée à Montréal, ses œuvres s’exposent à l'international, notamment aux États-Unis, au Portugal et en France. Diplômée en arts textiles du Centre des textiles contemporains de Montréal et en arts visuels de l'Université Concordia, elle a reçu de nombreux prix et bourses, dont le prestigieux Prix François Houdé.

Le travail de Julie Bénédicte Lambert se distingue à travers une exploration profonde du lin, une matière qu'elle affectionne particulièrement pour sa richesse et sa polyvalence.
La passion de l’artiste pour le textile remonte à ses études au Centre des textiles contemporains de Montréal et à l'Université Concordia, lieux où elle a développé son expertise technique et sa sensibilité artistique.

Ci-dessus : œuvre "La matière du lieu" (série : Les champs lexicaux), 2016. Exposée par la European Textile Network en Autriche en 2019.
Technique : Tissage. Matériaux : Papier Kraft et acier, tiges de lin, filasse de lin.

*Titres des pièces de cette série tirés de l’œuvre de Louise Warren, poète et essayiste ; avec la permission des Éditions Le Noroît.
© Bernard Dubois

Dans son travail, elle se consacre à la recherche et à l'innovation, intégrant des techniques traditionnelles et contemporaines pour créer des œuvres qui interrogent et réinventent les usages du lin.
Son approche expérimentale et son goût pour la co-création avec des artisans et des communautés locales témoignent de son engagement à repousser les limites du textile.

À travers ses expositions et ses résidences artistiques, elle partage sa vision et son savoir-faire, contribuant ainsi à l'évolution de l'art textile contemporain.

L’Alliance a posé quelques questions à cette artisite passionnée par la fibre de lin 

Quelle est la définition de votre art ?

Je me définis comme une plasticienne ou une artiste en arts visuels. J’aime bien aussi la dénomination d’artiste textile.

Très brièvement, je décrirais mon travail ainsi : il s’agit d’œuvres sculpturales abstraites tissées à la main. Elles sont réalisées en fibres naturelles et fils de papier.

Mes trois techniques de prédilection sont le tissage, la vannerie et le dessin. Ce sont procédés intimement liés à ma démarche, choisir le croisement des fils n’est pas un hasard.

Comment avez-vous rencontré cette fibre végétale qu’est le Lin ?

Ma rencontre avec le lin s’est faite par le biais des mots ! C’est en effectuant des recherches sur le parallèles entre les mots texte et textile que j’en suis arrivée au champ lexical du mot lin.

En effet, il existe beaucoup de liens entre le tissage et l’écriture, qui à son tour est lié à l’agriculture

Par exemple, le va-et-vient de la navette de fil pour construire le tissu est similaire au va-et-vient de la main qui écrit un texte, ligne après ligne, ou du labour de la terre, rang après rang.

Le mot page est ainsi dérivé de pagina, qui désigne en latin, un lot de vigne cultivé. De même, le mot marge, provient des margelles creusées autour des champs cultivés pour drainer l’eau.

Ces racines étymologiques communes m’ont ainsi appris l’origine du mot ligne, qui provient de lin.

Comment abordez-vous le Lin en tant que matière et sous quelle forme l’interprétez-vous ?

Comme je l’évoquais précédemment, le lin est partout dans notre langue courante. Ligne, linge, linceul, souligner… Quand je tisse le lin, ces aspects sémantiques, métaphoriques et matériels entrent en jeu et orientent la forme que prendront mes œuvres : une ligne à la fois.

Votre passion pour cette matière vous a conduit à approfondir les techniques de tissage, comment cela s’est produit au départ ?

Avant le textile, j’ai étudié en peinture et en sculpture. Je pense que le déclic pour le tissage s'est fait quand j'ai réalisé que je peignais sur de la toile, un tissu. Que cette surface méritait toute mon attention.

Le pouvoir sculptural de la toile me fascine et la notion de pli, associée au textile, est centrale dans ma démarche.
Je me suis donc intéressée au tissage pour avoir le contrôle du matériau. Je n’avais pas planifié tomber dans un domaine technique si immense et passionnant.
J’ai été piquée et j’ai poursuivi mes études dans le domaine.

Comment développez-vous votre savoir-faire aujourd'hui ?

À l’atelier, j’utilise deux métiers à tisser, un traditionnel et un assisté par ordinateur. Ce sont les exigences du projet qui dictent mon choix de l’un ou de l’autre.

Mais dans les deux cas, le tissage se fait à la main. J’aime beaucoup l’aspect très technique et méthodique du tissage. Je trouve une grande liberté dans la contrainte.
Les limites deviennent source de créativité, c’est une façon de créer qui me convient particulièrement. Proche du dessin.

Cela ne signifie pas que je ne travaille pas occasionnellement avec les métiers automatisés, qui ont d’autres qualités. Ils sont simplement très difficiles d’accès au Québec.

Ci-dessus : œuvre "Recueil d’échantillons : La toile. Page 1", 2019.
Technique : Tissage. Matériaux : Coton mercerisé, papier, lin
© Marion Desjardins

Souhaitez-vous ouvrir les esprits à la création contemporaine ? Sinon cultivez-vous un autre objectif ?

En parallèle avec ma pratique d’artiste, je suis chargée de cours au Centre de textiles contemporains de Montréal.

Il s’agit d’un programme de design de trois ans. J’y enseigne le tissage et la recherche thématique/esthétique aux étudiants de première et deuxième année. Ce qui que la création contemporaine entre nécessairement dans mes références en classe ! J’y sensibilise de ce fait un certain nombre de personnes à ce type de création.

D’ailleurs, j’aime beaucoup la perméabilité entre art contemporain, métiers d’arts et design. On ne peut pas être spécialiste de tout, mais être bien informé des créations dans plusieurs disciplines est un réel avantage pour être en mesure d’apprécier une œuvre et d’en créer !
Les frontières entre les disciplines sont floues. Mon travail peut passer d’une catégorie à l’autre. Mais il y a en effet beaucoup d’éducation à mener pour sensibiliser le grand public.

En plus de l’enseignement, je participe régulièrement à différentes activités de médiation avec les visiteurs dans le contexte d’expositions en galerie.
Il peut s’agir de tables rondes, ateliers et conférences. Toutes les occasions sont bonnes pour transmettre ma passion avec un large public.

Au fil du lin, une fibre d’histoire et d’innovation dans la mode

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