Après une production industrielle record au 19e, l’arrivée de matières d’importation et l’avènement des synthétiques vont concurrencer le lin au point de le menacer. Une menace accentuée par l’évolution des modes de consommation, avant un retour salutaire dans la seconde moitié du 20e siècle.
Le 20e siècle est peut-être celui de la plus grande diversification des matières et des styles dans la mode. Une période où le lin connaît un déclin rapide, avant d’amorcer un renouveau croissant dans les années 1970, et jusqu’à aujourd’hui.
La Première Guerre Mondiale, la crise des années 1930, mais aussi et surtout la second Guerre Mondiale vont affecter durablement la production de lin et son utilisation dans la mode. En parallèle, le coton, moins onéreux et facilement industrialisable, réussit à s’imposer comme le concurrent direct du lin, jusqu’à le dépasser.
Mais c’est surtout la fibre synthétique, avec l'essor du nylon, du polyester, de l’acrylique ou de l’élasthanne, qui va fortement mettre le lin en retrait après 1945. La société de consommation se développe pousse à changer de vêtements plus régulièrement. L’avènement du prêt-à-porter dans les années 1960, ou encore l’évolution des habitudes vestimentaires vers une mode moins habillée, plus confortable et facile d’entretien, conduit à délaisser les fibres naturelles ou historiques comme la laine, la soie… et le lin.
Le lin reste cependant présent dans le linge de maison, ou pour des usages très spécifiques. On le retrouve par exemple dans les vêtements d’été où ses propriétés thermorégulatrices sont appréciées.
En réalité, il faudra attendre les années 1970 pour qu’un regain d’intérêt se fasse sentir envers les matières naturelles. Le lin est alors plébiscité, entre autres, chez le Japonais Kenzo, ou les Italiens Giorgio Armani et Gianfranco Ferré.
Mais c’est dans les années 1980 que le tournant va progressivement s’opérer. Les innovations techniques vont permettre de produire du lin plus fin, plus doux et plus résistant, adapté aux exigences de la mode contemporaine.
Les créateurs, qui cherchent alors à travailler de nouvelles matières et à se différencier, redécouvrent les qualités uniques du lin. Les créateurs de mode, tels que Marithé et François Girbaud, Adeline André, Jean-Paul Gaultier, Thierry Mugler, ou encore et surtout Jean-Charles de Castelbajac, sont séduits par sa versatilité et sa richesse créative.
Le lin est alors teint, imprimé, déstructuré ou volontairement froissé, mais il peut aussi jouer la pureté, l’élégance et la qualité d’un luxe éternel.
Dans les années 1990, le lin trouve un écho plus fort, avec l’influence d’une mode avant-gardiste. Cette tendance est portée par une nouvelle génération de designers originaires du nord de l’Europe et du Japon.
Walter Van Beirendonck, Ann Demeulemeester, Dries Van Noten, Dirk Bikkembergs ou Martin Margiela, et après eux Olivier Theyskens, Véronique Branquinho ou Raf Simons, ou encore Yohji Yamamoto et Rei Kawakubo pour Comme des Garçons… tous vont chercher à sortir du cadre de la décennie précédente.
Ils vont également chercher à se démarquer à travers leur identité propre face aux géants du luxe et de la fast fashion qui émergent et se développent. Leur mode, plus minimaliste et « déconstructiviste », trouvera dans des matières naturelles comme le lin une véritable réponse créative.
Au renouveau créatif du lin des dernières décennies du 20e siècle s’ajoute rapidement les ambitions d’une mode plus transparente et responsable. Répondant à ces nouveaux besoins, le lin s’inscrit désormais comme une fibre textile d’avenir.
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