Le lin au siècle des Lumières : légèreté, raffinement et extravagances
Innovation technologique, extravagance des goûts et des modes, le 18e siècle ouvre au lin les voies de la diversification technique et de l’excellence esthétique.
Innovation technologique, extravagance des goûts et des modes, le 18e siècle ouvre au lin les voies de la diversification technique et de l’excellence esthétique.
Au 18e siècle, le lin continue de jouer un rôle central dans l'industrie textile, et les progrès dans les techniques de tissage ou d’ennoblissement permettent d’en diversifier l’esthétique et les destinations produits.
On voit ainsi se perfectionner les linons, toujours plus fins, et se développer les toilettes, ces fichus aériens dont la France devient spécialiste, et qui joueront de leur fluidité et de leur transparence dans les vestiaires masculins et féminins.
Chez l’homme, la chemise reste la pièce incontournable de la garde-robe, et se fait plus extravagante. Elle multiplie les ornements à coups de dentelles sophistiquées ou de broderies raffinées. Elle s’agrémente également de cols fins et de manches immaculées, confectionnés en linon ou en toilette, qui se plissent en jabots ou se froncent en cravate pour plus d’élégance.
Et bien que la Révolution française ne freine ses excès, la chemise restera un élément central et distinctif pour l’homme, à l’image de celle de Robespierre à la blancheur et aux jabots ostentatoires.
Dans le vestiaire féminin, si la chemise de lin reste l’un des vêtements centraux de la silhouette, elle tend à se réduire, notamment au niveau de la poitrine. À tel point que dès le milieu du 18e siècle, les femmes porteront, en guise de fichus pour cacher leur décolleté, des linons et toilettes de lin très fin et léger, souvent ornés de dentelle.
C’est également à cette époque que les premiers mouvements hygiénistes vont prôner une plus grande liberté de mouvement pour le corps jusqu’alors souvent coincé sous les lourds costumes de cour.
Marie-Antoinette lancera ainsi la mode de la robe en linon léger, dite « gaule », simplement ajustée à la taille grâce à une écharpe. Cette robe, représentée dans le célèbre portrait de la reine de France par Élisabeth Vigé-Lebrun, défrayera la chronique : il n’est pas convenable, à l’époque, pour une reine d’être si légèrement vêtue !
Au-delà des hommes et des femmes, la mode du 18e siècle n’a, en outre, pas oublié les enfants. Jusqu’à l’âge de sept ans, garçons et filles sont ainsi vêtus de robes en lin blanc – couleur symbolique de l’innocence de l’enfance. Une robe dite « à la jaquette », en « tablier », ou encore, dès 1750, en « fourreau », qui doit marquer le rang social de la famille par la richesse des détails et la finesse des étoffes utilisées.
Après les excès d’élégance et d’extravagance sous l’ancien régime, le 19e siècle post-révolutionnaire annonce la démocratisation du lin qui, porté par la révolution industrielle, va s’immiscer dans toutes les modes
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